samedi 27 mai 2017

L' envoyé du Vatican Dario Vigano nous adresse un message du Pape


CINEMA, RÉCIT D’ÉSPERANCE
Msgr Dario Edoardo Viganò
Préfet du Secrétariat pour la Communication Saint Siège
A cette occasion Dario Vigano nous a adressé ce texte  et le message du Pape au monde de la communication et des médias.


Lors d'un récent voyage à Milan, le pape François a parlé de cinéma avec les jeunes confirmés, rappelant un film bien connu de Vittorio De Sica, Les enfants nous regardent de 1943. Le pape a défini ce film, toutes les oeuvres réalisées dans la période immédiate de l'après-guerre, « une véritable « catéchèse » d'humanité » (Milan, 25 mars 2017), pour ce qu’elles sont en même temps les récits des difficultés et de l'espérance, de la misère, mais aussi de la libération. Le cinéma, en effet, a un rôle social important, comme moyen et surtout comme art, c’est-à-dire qu’il est capable de raconter la réalité, en la montrant de près, en entrant dans les plis karstiques de la vie de l'homme, sans se dérober à des vues complexes ou problématiques. Mais le cinéma est également porteur d'une vision autre, il ouvre à l'horizon des éclaircies de lumière.
Du reste, le cinéma a même réussi à nous pousser sur les traces de l'invisible, de Dieu, à saisir les manifestations de sa miséricorde dans l'histoire de l'homme. Je pense à la poétique de Robert Bresson, du Journal d'un curé de campagne (1951) à Au hasard Balthazar (1966), oeuvre où l'auteur retrouve l'image de Jésus à travers la délégation d'un pauvre âne, battu et traîné dans les souffrances comme le Christ.
Également, je peux citer La strada (1954), La route de Federico Fellini, film cher au pape François, oeuvre où brille l'innocence de la jeune Gelsomina qui avec candeur fait face à la vie, défiant en s’y confiant la barbarie de l'homme, Zampanò. C'est un regard extraverti que le cinéma, un regard qui se tient, vif aux bords de l'image, ce qui ne se voit pas; il nous montre ses propres frontières et nous pousse à les traverser (Cfr. D.E. Viganò, G. Scarafile, L’adesso del domani. Rifigurazioni della speranza nel cinema moderno e contemporaneo, 2007).
Je suis donc très heureux de débattre de ces questions, de parler du cinéma, ici à Cannes, dans la rencontre promue par la "Diaconie de la Beauté" - "Festival Sacré de la beauté", à l'occasion de la 70ème édition du Festival, parmi les événements culturels et cinématographiques les plus anciens et les plus importants du monde. Au Festival de Cannes, sont passés de grands auteurs qui ont offert aux spectateurs, au monde entier, des oeuvres capables de rompre la torpeur de notre vie quotidienne, en rappelant l'importance de l'inclusion sociale et de la miséricorde. Comment ne pas mentionner à ce point la Palme d'or de 2016, "Moi, Daniel Blake"(I, Daniel Blake) de Ken Loach, cinéaste britannique depuis toujours en ligne de front dans le récit des périphéries humaines, de la condition des travailleurs appartenant à la classe ouvrière, à ce sous-prolétariat s’intéressait également Pier Paolo Pasolini. Dans Moi, Daniel Blake, Loach est le porteur d'une instance de dénonciation contre le visage inhumain de la bureaucratie, qui écrase la plupart du temps ceux qui sont déjà misérables, sans défenses; mais en racontant tout cela, Ken Loach nous apporte aussi une histoire d'espérance, l'espérance qui s’attise grâce à la miséricorde, au don de soi à l'autre pour le bien de l'autre.
Ce même regard émerge des oeuvres des frères Jean-Pierre et Luc Dardenne, qui ont triomphé au Festival de Cannes a avec Rosetta (1999) et L'Enfant (2005). Dans leur filmographie, en fait, il y a un autre titre toujours en compétition sur la Croisette auquel je suis particulièrement lié. C'est Deux jours, une nuit, (2014), un film qui présente les histoires de travailleurs « rejetés », l’employée Sandra, licenciée vient de reprendre le travail après une convalescence pour dépression. Sandra est chassée du travail parce que considérée comme n'étant plus utile, improductive, parce qu'elle est tombée dans la maladie, donc « a échoué ». Les Dardenne ne lésinent pas sur la dureté, nous montrant toute la froideur d'un monde du travail qui progressivement perd les contours de l'humain; dans le même temps, cependant, ils tracent également un chemin d'ascension, de libération, grâce au rôle décisif joué par les liens affectifs, par la famille, véritable rempart dans les tempêtes. De là, tout recommence, de là brillent les couleurs du possible.
Le pape François parle de cette urgence d'un récit d'espérance dans son message pour la 51ème Journée Mondiale des Communications Sociales, qui sera célébrée le dimanche 28 mai. « Ne crains pas, car je suis avec toi » (Is 43,5).
Communiquer l'espérance et la confiance en notre temps, est le titre choisi par le pape pour la 51ème journée, pour attirer l'attention de tous les travailleurs des médias et de l'information, de toute la communauté, à être des promoteurs d'un récit vrai et honnête, sans oublier la confiance dans l’aujourd'hui et demain. « Je voudrais - a souligné le pape François- apporter une contribution à la recherche d'un style ouvert et créatif de communication qui ne soit jamais disposé à accorder au mal un premier rôle, mais qui cherche à mettre en lumière les solutions possibles, inspirant une approche active et responsable aux personnes auxquelles l’information est communiquée. Je voudrais inviter à offrir aux hommes et aux femmes de notre temps des récits marqués par la logique de la "bonne nouvelle" ». C'est ce que nous attendons (toujours) du bon cinéma ...

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